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Compositeur: PÉNICAUD Éric
DZ 2839
Avancé
ISBN: 978-2-89737-756-4
Musique de chambre avec guitare
16 p., format tabloid
pour chœur mixte, 2 guitares et violoncelle
Écrite pour une formation peu orthodoxe, composé d'un chœur à 4 voix, 2 guitares et d'un violoncelle. Le poème écrit de la main du compositeur lui-même et chanté par le chœur invite à la méditation tout comme la musique d'ailleurs. Un dialogue soudé et intime entre les deux guitares avec notamment beaucoup d'harmoniques produit un effet de masse sonore à la fois en mouvement et en suspension. Le violoncelle entremêle des notes tenues mais également des intervalles éclatés aux sonorités lointaines. La formation instrumentale joue le rôle d'accompagnement la plupart du temps. Mais on peut noter que les deux guitares ainsi que le violoncelle ont de petites cadences.
Chaque partie est construite d'après un schéma graduel et atteint un climax avant de s'éteindre progressivement. Cette œuvre est un savant melting-pot où s'entremêle atonalité, tonalité, polytonalité, homophonie et contrepoint, sonorités obscures et mélodies de caractère populaire. On comprend pourquoi l’auteur amplifie les instruments pour qu'il y ait un équilibre juste avec le chœur.
Voici une œuvre d'une ingéniosité sans borne, qui conviendra à des musiciens avancés souhaitant s'ouvrir vers d'autres horizons!
Lionel Fraschini - L’Éducation Musicale, 2020
Eric Pénicaud est l'un des plus puissants créateurs français de la nouvelle musique avec guitare. Sa démarche vise clairement à libérer la guitare des clichés romantiques, et à trouver de nouvelles expressions et de nouveaux mondes sonores, afin de l’ancrer dans le présent, et de garantir son avenir. En conséquence, il aime intégrer cet instrument dans la musique de chambre. Sa musique a été interprétée par, entre autres, Roland Dyens, Sébastien Llinares et Olivier Pelmoine. Pénicaud possède un bagage vraiment éclectique, avec des racines musicales qui doivent à l’impressionnisme français, au jazz et à d'autres musiques basées sur l'improvisation, ainsi qu’à celles que l’on nomme un peu légèrement musiques du monde. En plus de ses études de guitare et de composition, une grande part de ses influences musicales et de sa formation viennent probablement de sa relation profonde avec la mer -il a navigué de longues années dans le monde entier. « La musique est responsable du mouvement des eaux, du jeu de courbes que décrivent les brises changeantes. Il n'y a rien de plus musical qu'un coucher de soleil ! Celui qui sent ce qu'il voit ne trouvera pas d'exemple plus beaux de développement dans tout ce livre que, malheureusement, les musiciens ne lisent que trop peu -le livre de la Nature », selon les mots de Claude Debussy, avec lesquels je pense que Pénicaud est pleinement connecté. La musique de Pénicaud est avant tout sonore. Flottante, frémissante, sans structure permanente. S’il utilise des formes plus courantes, ce qu’il fait assez souvent, il intègre tout de même dans ses phrases des couleurs « déstabilisantes », comme pour insister sur le fait que nous sommes sans cesse en mouvement —n’imaginez jamais que le sol est figé, car tout s’écoule. Cette fluidité est particulièrement mise en évidence dans l’une de ses dernières œuvres, Jusqu’en notre exil tu murmures, pour choeur mixte, deux guitares et violoncelle. La musique s’articule autour d’un poème contemplatif, signé par Pénicaud lui-même. Jusqu'en notre exil tu murmures Ici, nous rencontrons de nombreuses indications, de riches nuances de dynamique allant de ppp à fff. Les forces vives montent et descendent en grandes vagues. Presque chaque tonalité -ou même chaque séquence tonale plus éphémère- est conçue pour se dilater puis s’estomper : crescendo - diminuendo. Les repères ne sont jamais statiques, mais toujours se mouvant par impulsions. Il n’y a pas de mouvement mélodique apparent, mais plutôt des à-coups chromatiques, qui apportent de nouveaux éclairages aux hauteurs de sons. Les deux guitares, qui ont toutes deux une scordatura alternative, entretiennent constamment un dialogue intime, souvent en notes harmoniques et sonorités voilées, ou dissonantes, donnant un effet qui peut évoquer des prismes se mélangeant les uns aux autres dans une couronne de verre. La ligne du violoncelle forme surtout une sorte d'horizon avec ses longues notes tenues, avec une brève séquence où il est mis bien plus en valeur. Le compositeur demande que les instruments soient amplifiés, afin d’être capables d’égaler le chœur, en termes d’intensité sonore. Le tempo est varié, mais demeure très lent, de 30 à 46 battements par minute. De longues pauses, des périodes de repos, surviennent parfois et sont prévues pour s’étendre sur d’assez longues périodes, ce qui pourrait causer accessoirement quelque difficulté. Dans l'ensemble, c'est de la musique exigeante et la cohésion de cet ouvrage peut représenter un défi pour les musiciens et le chef d'orchestre. C'est une œuvre saisissante, qui doit durer environ huit minutes. Pour ceux qui peuvent réunir la bonne formation adaptée à un projet tel que celui-ci, je pense que le résultat peut devenir un voyage passionnant et fascinant.
Ange Turell, Gitarr och Luta, Suède, 2017
Éric Pénicaud, artiste français estimé et éclectique, qui s’est formé à la guitare classique mais aussi à la musique ethnique, au jazz, au flamenco, à la musique contemporaine plus expérimentale et à l'improvisation, est l'auteur de cet ouvrage singulier Jusqu'en notre exil tu murmures pour choeur mixte, deux guitares et violoncelle, édité par la maison canadienne Les Productions d'Oz. Il s’agit d’une œuvre insolite d’un point de vue général, et difficile à classer stylistiquement, écrite sur un texte de Pénicaud lui-même, qui voit le choeur chanter sa propre partie soutenue par le propos et l’apport instrumental du violoncelle et des deux guitares. Ces dernières ont une scordatura particulière, la première guitare avec la quatrième corde en mib et la cinquième en Sib, la seconde guitare avec la sixième corde en do. La composition s'ouvre sur une introduction dans laquelle le chœur s'exprime à bouche fermée, avec de longues notes chantées à intervalles voisins, tandis que les guitares tiennent de longues pédales de sons harmoniques et de notes réelles, le tout dans un univers sonore suspendu et immémorial. Ensuite le chœur entonne les paroles d’une manière essentiellement homophonique, avec des méandres contrapuntiques des deux guitares et du violoncelle. L’œuvre se poursuit, alternant séquences chorales et cadences des trois instruments, tout en insérant aussi de brèves séquences aléatoires, qui se résolvent -comme dans l’introduction- par de longues résonances du chœur et des instruments, qui vont jusqu’à se perdre en murmures ineffables. Certainement un ouvrage d’une grande inspiration, qui propose une dimension sonore mystérieuse et impalpable, réaffirmant une fois de plus toute l'originalité et la valeur de la proposition musicale de l'auteur français.
Piero Viti, DOTGUITAR, Italie, 9 décembre 2017
Compositeur, guitariste et improvisateur, Eric Pénicaud développe une œuvre abondante, aujourd’hui largement diffusée et enregistrée. Elle puise aux sources de l’atonalité mâtinée de repères mémoriels et tonaux (Le Nuage d’inconnaissance), invite la polytonalité et les formes anciennes (Forlane) tout comme les mélodies de caractère populaire (Stable/Mouvants), s’assoit sur des harmonies amples et profondes (mouvement lent de Concerto pour le grand large). Les Productions d’Oz proposent Jusqu’en notre exil tu murmures pour chœur mixte, deux guitares et violoncelle, dont la création aura lieu en 2018. Une formation inhabituelle, note le compositeur. La partition s’ouvre sur des tenues bouches fermées au chœur, des sons étirés au violoncelle, des harmoniques de guitare. À peine troublée par les furtives apparitions en rythmes rapides des cordes, cette linéarité doublée de frottements harmoniques imprègne la partition, lui conférant mystère et intériorité. Une œuvre caractéristique du compositeur, à découvrir.
Michaël Sebaoun, La Lettre du Musicien, n° novembre 2017
Depuis des années Éric Pénicaud s’est engagé dans un parcours compositionnel de haut niveau dédié à la guitare. Expérimentateur attentif des sonorités nouvelles et des différentes combinaisons de musique de chambre avec guitare ; il nous propose avec cette œuvre dont le titre est Jusqu'en notre exil tu murmures une combinaison sans précédent qui comprend choeur mixte, duo de guitares, et violoncelle. Nous voici face à un morceau évocateur, où les sonorités des guitares, soutenues par l’intense gravité du violoncelle sont incrustées dans le paysage scandé des timbres de voix. Les denses textures sonores qui ressortent de cette composition fascinante soulignent plus qu’un contraste : une parfaite fusion, créant une forme enveloppante, riche de tension, qui nous transporte dans une atmosphère sonore envoûtante. Il en résulte une œuvre emplie de figures sonores qui semblent s’écouler tout en alternant des moments de luminosité, une œuvre presque debussyste, où les guitares restituent à merveille leur capacité de fluidité et d’enveloppement. Un ouvrage qu’il faut absolument lire et proposer à qui cherche de nouveaux chemins, de nouvelles propositions de concert ! Bravissimo Eric!
GUITART n° 88, octobre 2017, Italie
Depuis toujours, le compositeur français Eric Pénicaud est engagé dans la recherche de sonorités qui peuvent exprimer au mieux ses émotions et ses pensées. Ses recherches sont tournées principalement vers la guitare, instrument de prédilection, mais également effectuées dans divers contextes, divers ensembles orchestraux. L’oeuvre que nous proposent les Productions d’Oz est une méditation sur l'exil, pour choeur mixte, deux guitares et violoncelle. Les instruments créent un monde sonore délicat et dramatique sur lequel vient se greffer le choeur, lui aussi très poignant avec cependant de belles ouvertures sur des faisceaux de lumière.
Le texte du chœur est écrit par Pénicaud lui-même et alterne des moments musicaux à bouche fermée et le poème chanté. L’utilisation soigneuse des dissonances qui se dilatent peu à peu, le continuo des guitares foisonnant de notes harmoniques et réelles, tandis que le violoncelle amène ses fondations aux harmonies du dessus, tout ceci crée un paysage sonore intense et onirique.
Les plus vives félicitations au compositeur. Une œuvre à inscrire au plus tôt au répertoire des concertistes.
Franco Cavallone, SEICORDE n° 133, octobre-décembre 2017