Forlane

Difficile, mais intéressante, élégante et raffinée, voilà qui peut qualifiler cette Forlane du compositeur-guitariste Eric Pénicaud. Inspirée d'une danse populaire italienne de l'époque baroque, l'uvre emprunte au modèle son rythme, sa richesse d'ornementation et une modalité toujours présente malgré l'altération importante de l'harmonie. La construction est claire : une introduction ad libitum en forme de prélude disperse des grappes d'harmoniques naturelles autour de notes fondamentales.
Suivent l'exposé du thème, cinq variations et une réexposition. Les modifications concernent le registre, le caractère, le temps, l'harmonie et l'ornementation qui déplacent ou transforment subtilement les cellules rythmiques.
Les fragments mélodiques se déploient autour de notes ou d'accords-pivots répétés. Certains agrégats sonores rocailleux, d'une sensualité toute ibérique, évoquent inévitablement le flamenco. Loin de nuire au style, cette coloration ponctuelle, parfum tellurique de notre instrument, contribue au charme de ces pages. On peut noter quelques effets spécifiques discrets - tambora, pizzicati, glissandi chromatiques - et, ça et là, de courtes imitations qui agrémentent le iscours.
Sachant que Forlane est dédiée à la guitariste Tania Chagnot, souhaitons à cet ouvrage tout le succès et la diffusion qu'il mérite.
(Gabriel Lénard, Les Cahiers de la Guitare, 1er trimestre 2001)