Jacques Hétu, né à Trois-Rivières en 1938, est l’un des compositeurs canadiens les plus joués, ici comme à l’étranger. De 1956 à 1961, il étudia la composition avec Clermont Pépin au Conservatoire de musique de Montréal et, de 1961 à 1963, avec Henri Dutilleux à l’École Normale de Musique de Paris ainsi que l’analyse avec Olivier Messiaen au Conservatoire de Paris. De 1963 à 1977, il enseigna la composition et l’analyse à l’Université Laval de Québec, puis de 1979 à 2000, il fut professeur d’analyse à l’Université du Québec à Montréal. Le catalogue de Hétu inclut cinq symphonies, des concertos pour alto, flûte, hautbois et cor anglais, clarinette, basson, cor, trompette, trombone, piano, orgue, ondes Martenot, guitare, marimba et vibraphone et un Triple concerto pour violon, violoncelle et piano; plusieurs œuvres orchestrales dont Images de la Révolution, Le Tombeau de Nelligan, Variations concertantes et Légendes; des œuvres pour voix et orchestre dont Les Abîmes du rêve, la Missa pro trecentesimo anno (écrite pour le tricentenaire de la naissance de J.S. Bach), l’opéra Le Prix ainsi que plusieurs œuvres de musique de chambre. En 1990, Pinchas Zukerman invitait le compositeur en tournée avec l’Orchestre du Centre national des Arts d’Ottawa, en Allemagne, au Danemark et au Royaume-Uni. Deux de ses œuvres avaient été choisies au répertoire de cette prestigieuse tournée : sa 3e Symphonie et Antinomie. En novembre de la même année, Charles Dutoit dirigeait le New York Philharmonic dans Images de la Révolution, une commande de l’Orchestre symphonique de Montréal pour le bicentenaire de la Révolution Française. En mai 1992, Kurt Masur, le New York Philharmonic et le soliste Philip Smith présentaient en première américaine son concerto pour trompette. Le Tombeau de Nelligan, créé à Paris par l’Orchestre Philharmonique de Radio France, fut repris en tournée par les orchestres de Montréal et de Toronto. D’autre part, un enregistrement entièrement consacré à la musique de Jacques Hétu, paru sous étiquette Les disques de Radio-Canada / CBC Records, s’est mérité le Prix Juno 2004 à titre du Meilleur album classique de l’année. Ce disque réunit quatre concertos (flûte, clarinette, basson et le second pour piano) interprétés par les plus grands solistes canadiens dont le pianiste André Laplante à qui le second Concerto pour piano est dédié. Hétu accorde une place importante au lyrisme, à la poésie, à l’émotion et à la cohérence du discours; il est également sensible à une plastique sonore et à la rigueur structurelle des contemporains. À l’intérieur des formes traditionnelles, il structure les éléments d’une manière cyclique découlant de la force d’affirmation du matériel thématique, de la rigueur de l’écriture et des exigences d’unité. Au fil des années, il tend vers la simplification de son langage à travers un élargissement du cadre, et aussi vers une expression toujours plus lyrique. Les éléments de son style pourraient se définir ainsi : formes néo-classiques et expression néo-romantique dans un langage utilisant les techniques du XXe siècle. Élu membre de la Société Royale du Canada (1989), nommé Officier de l’Ordre du Canada (2001) et Officier de l’Ordre national du Québec (2007), Jacques Hétu fut intronisé en 2008 au Panthéon de la musique classique de Trois-Rivières où une École de musique porte son nom. En janvier 2010, le Conseil québécois de la musique lui décernait le Prix Hommage lors du gala des prix Opus. Jacques Hétu est décédé le 9 février 2010, des suites d’un cancer, à sa résidence de Saint-Hippolyte, près de Montréal, entouré de sa famille.