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J’ai commencé le piano par dix années d’études classiques. Mais très tôt l’improvisation et la composition m’ont attiré. À vrai dire dès le début j’ai préféré m’évader des partitions même si Bach, mon premier maître, me paraissait d’une richesse inépuisable, révolutionnaire. Quel meilleur modèle pour s’initier à l’harmonie, mais aussi au développement d’une ligne mélodique? Dix années plus tard, d’autres musiciens sont venus non pas effacer cette base, mais au contraire l’enrichir par leur grammaire (finalement tout accord peut avoir un sens), et leur vocabulaire (une mélodie doit avoir un début et une fin, pour le reste, c’est sans fin, et tant mieux) : Igor Stravinsky qui bouleverse tout, l’infini Claude Debussy, Duke Ellington qui mélange tous les apports, le géant Charlie Parker qui invente un langage, Miles Davis qui crée une nouvelle sonorité, sans oublier les méditations de Bill Evans, le lyrisme de Michel Petrucciani, ou la douleur de Chet Baker. J’en oublie d’autres (Mozart, Brahms, etc…). Et pour mélanger le tout, rien de tel que de jouer en quintet de jazz... c’est mon plaisir à Paris, avec mes meilleurs amis.
Car la musique est par excellence l’art de l’émotion. Elle se passe de traduction. Elle demande seulement de l’attention, de celles et ceux qui l’écrivent, la jouent, l’écoutent. Parce qu’elle ne peut être représentée (à la différence d’un livre ou d’un tableau, puisqu’une partition n’est qu’une notation conventionnelle), elle sollicite ce qu’il y a de plus intime en nous : l’émotion, l’imagination. Qui n’a jamais associé une musique à un moment? À une émotion?
Une dernière chose : je ne suis pas ce que l’on appelle un musicien professionnel, mais un musicien passionné. Mais cela, je pense que vous l’aviez compris…, et pour cette raison, je souhaite profondément remercier Vincent Beer-Demander, professeur de mandoline, artiste soliste accompli, compositeur, dont l’amitié chaleureuse a permis la publication de ces trois titres.
François Saint-Paul, Ambassadeur de France en Autriche